On a donné un concert dans la rue alors qu‘en même temps il y avait une manifestation. C‘était une foule de gens qui criaient et qui marchaient avec des tambours et plusieurs fanfares. Les rues étaient tellement étroites que les murs amplifiaient le bruit. Non seulement on ne s'entendait plus jouer, mais en plus il y avait un vent épouvantable qui balayait nos partitions. Certains se sont mis à improviser, d'autres jouaient faux ou décalé par rapport aux autres. La musique se mélangeait avec le bruit. La musique dans le désordre devenait bruit elle-même. Au milieu de la foule, on percoit un mélange chaotique de sons – une cacophonie. Le plus on s'éloignait, moins le bruit nous dérangait et gagnait même une nouvelle musicalité.
Le désordre est une notion qui s'oppose à celle de l'harmonie dans la composition musicale. Les futuristes cherchent à trouver une musicalité des bruits parce-qu'ils disent que le son musical est artificiel et détaché de la vie. Selon L.Russolo, la différence fondamentale entre le son et le bruit consiste dans le fait que le bruit est « plus riche de sons harmoniques que ne l’est généralement le son“. Intoner les bruits donne alors une nouvelle musicalité et une nouvelle définition de l'harmonie. L'idée d'intégrer des bruits dans la composition va avec une révolution de l'écriture musicale.
Le désordre est une notion qui s'oppose à celle de l'harmonie dans la composition musicale. Les futuristes cherchent à trouver une musicalité des bruits parce-qu'ils disent que le son musical est artificiel et détaché de la vie. Selon L.Russolo, la différence fondamentale entre le son et le bruit consiste dans le fait que le bruit est « plus riche de sons harmoniques que ne l’est généralement le son“. Intoner les bruits donne alors une nouvelle musicalité et une nouvelle définition de l'harmonie. L'idée d'intégrer des bruits dans la composition va avec une révolution de l'écriture musicale.
Ca m'a fait penser à la Musique d’Ameublement d'Eric Satie où la relation entre musique et bruit semble se renverser. L'intention était de désacraliser l'écoute musicale: la musique ne devait pas attirer l'attention et n'était pas destinée à être écouté. C'est pour ça qu'elle ne repose pas sur un thème, mais sur un simple motif. La répétition est là pour faire oublier et «neutraliser» l'écoute.
La musique devait être immobile, répétitive et décorative faisant partie des bruits ambiants. Eric Satie la suppose «mélodieuse, elle adoucirait le bruit des couteaux, des fourchettes sans les dominer, sans s'imposer. Elle meublerait les silences pesant parfois entre les convives. Elle leur épargnerait les banalités courantes. Elle neutraliserait, en même temps, les bruits de la rue qui entrent dans le jeu sans discrétion.»
Le bruit environnant est pris en compte, mais la musique intervient comme moyen pour l'adoucir, le rendre harmonieux.
Peut-être le prolongement de cette réflexion est la pièce de Brian Eno pour aéroports:
Dans Music for airports, il crée une atmosphère qui transforme la perception de ce lieu public. C'est une musique d'ambiance qui s'étire dans le temps et qui peut être interrompue à tout moment. Elle provoque une sensation ambiguë et amène une tension dramatique mais sans gravité.
La musique est lente et douce, les sons interviennent de manière aérienne dans le lieu.
Elle accompagne les passagers dans une ambiance mélancolique. Le travail de Brian Eno sur ce projet est de l'ordre de l'ambiance sonore. Différentes sensations peuvent être procurées, en effet la perception du lieu est influencée par le son, sans y prêter une réelle attention.
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Music for airport m'a donné une sensation terrible d'aller au paradis. Cette composition m'a procuré un sentiment plutôt effrayant. C'est vraiment paradoxale le fait que cette composition soit si douce et en même temps dans ce contexte elle prend un sens si fort.Il y a un interview où Brian Eno explique sa démarche. Il en parle comme d'une musique qui accompagne et qui dit comme « Vous allez mourir ne vous en faites pas, ce n'est pas grave ». Pour le coup cette intention me semble vraiment réussi.J'aurais aimé pouvoir l'entendre dans un aéroport avant de faire un long voyage. Je me demande si cette musique en fond sonore influence le comportement des voyageurs ou peut-être pas.Tu parlais de la musique d'ameublement et cette pièce sonore est un très bon exemple d'un fond sonore qui se met en conversation avec l'espace.Dans l'intention d'Eric Satie est une première démarche sur la notion du bruit en voulant la rendre plus mélodieuse. C'est une première approche pour lui donner un autre sens, sans que l'auditeur y prête attention. Une autre manière également pour que le silence n'apparaisse pas comme une gêne. Cette démarche amène déjà beaucoup de nouvelles notions : la répétition, le bruit, la nouvelle écoute, le silence.
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