Le son comme trace d‘action

Aujourd'hui j'ai regardé des anciens travaux et je suis tombée sur une pièce „concert pour déchets“.
Je m'étais constituée une banque sonore construite qu'à partir de matériaux de récupération. Proche du doublage du son au cinéma, je reprenais différents objets afin de les détourner pour leur donner un autre sens. Par exemple des chips devenaient des feuilles mortes, un pommeaux de douche marteler devenait un portail qui grince, un lave salade un train, du bois sur du polystyrène le crispement du train sur les rails lorsqu'il freine...j'en avais fait une courte pièce sonore racontant l'histoire d'un crime. C'est par la suite que le son à commencé à guider l'image, l'un est devenu dépendant de l'autre et inversement.
Or aujourd'hui ce que je trouve intéressant dans nos recherches est le fait que dans les installations que nous effectuons, les sons diffusés deviennent des traces d'actions produites dans le lieu même.

Le corps produit des actions avec les matériaux sonores déjà préexistant, tel que pas sur un parquet, grincement de porte qui s'ouvre et qui se ferme, frottement de la tête contre un mur.
Alors que l'intention de départ n'est pas de faire glisser les éléments dans une fiction lors de la diffusion mais de garder ce rapport à l'espace: le secouer, le perturber, le rendre intense.
Et j'ai le sentiment que nous allons continuellement dans ces directions. Sans forcément faire remonter à la surface les actions passées mais d'en tirer une démarche plus analytique par rapport à son contexte d'enregistrement et de diffusion.
Le travail de diffusion sur cinq canaux nous permet d'isoler les sons et de leur donner une nouvelle existence, un nouveau sens en reconsidérant leur manière d'apparaître et de disparaître dans l'espace. Et je constate que les sons peuvent rendre ce qui a disparu. Ce qui est mis au jour, lors de la diffusion sont des traces sonores analysées, magnifiées et décortiquées enfin les restituer à son espace, son contexte où y ont été produit les enregistrements et donc ces actions passés.
Lors de ces installations, il me paraît un rapport très important entre le plein et le vide .
Le vide est l'espace et le plein est les sons. C'est pour cela qu'il est important de constituer une banque sonore qui est archivée au fur et à mesure que l'espace change. Cette diffusion est un jeu qui se crée entre le vide et le plein.
Les sons qui apparaissent deviennent une seconde architecture invisible. L'espace est mis en scène, il est mis en conversation avec l'auditeur.
On est beaucoup dans ce rapport là à l'espace entre l'ancienne et la nouvelle architecture que l'on donne à entendre.

Et c'est drôle parce que jusqu'à présent on a changé d'espace mais le matériel avec lequel on travaille reste relativement le même, dans la question du dispositif.

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