Polyphonie et musique concrète

La musique traditionnelle est indépendante au son préexistant et trouve en elle une forme harmonique.
Le travail qu'on a effectué l'an dernier en Corse sur les chants Grégoriens m'aide beaucoup à comprendre certaines choses. Et il me semble important de souligner le fait que dans la polyphonie les voix hautes et basses se croisent et se mêlent pour ensuite se former seule. La musique polyphonique est fondée sur la coexistence de voix, de discours distincts et liés. Mais il y a encore des notions que j'ai du mal a identifier tel que la notion d'horizontalité dont on a parlé pour ces chants.
Comment peut on définir en effet ces deux notions d'horizontalité et de verticalité?


Michel Chion «la musicalité dans la musique traditionnel correspond à l'aspect abstrait de l'oeuvre musicale, écrit et fixé sur la partition, tandis que la sonorité correspond à la partie concrète qui peut varier lors de chaque exécution, de chaque incarnation de l'oeuvre. » 
La partition fixe l'oeuvre mais le musicien ou le chanteur à sa propre part d'interprétation dans cette oeuvre. Beaucoup de musiques se sont déclinées au cours des siècles grâce à cette notion. Est ce que tu te souviens dans la Cathédrale de Saint-Etienne, du chant Haec Dies, je trouve incroyable cette différence d'interprétation  plate et aussi figé que la partition. Alors qu'au fil du temps le chant c'est transformé, et qu'il s'y est ajouté les ornements qui transforment considérablement la musicalité alors que la partition n'a pas fondamentalement changée.
Je me demande également quel rapport au temps la musique concrète a t-elle? Et si elle s'en détache? On sait maintenant que les bruits, les sons du quotidien ouvrent, dans l'oeuvre musicale, à cette notion de dé-contextualisation. Ce son attaché à son contexte par sa fixité perd tout son signifiant. Ainsi si ces oeuvres musicales ne se figent pas au temps n'est-ce donc pas un champ vaste et non maîtrisable puisqu'il peut encore se développer et ouvrir sur de nouvelles notions, s'attacher à d'autres formes existantes et qui pour ainsi dire s'ouvrir à des propositions infinies ou encore appréhender cette musique sous d'autres formes esthétiques et techniques?

La réduction du son,  l'isolement du bruit, ne permet- il pas là un champ d'expérimentation plus large encore où plus la réduction se fait plus son champs d'expérimentation est large et qui par conséquence ouvre sur des possibilités inépuisables où le sonore devient une jungle de possibilités?
Michel Chion dit «Au lieu de noter des idées musicales par des symboles du solfège, et de confier leur réalisation concrète à des instruments, il s'agissait de recueillir le concret sonores d'où qu'il vienne et d'en abstraire les valeurs musicales qu'ils contiennent en puissance.» Ainsi la musique concrète demande de nouvelle notion musicale et d'écoute. Le musicien ou le compositeur doit se défaire de ses anciennes connaissances pour ainsi s'ouvrir aux nouvelles notions de musicalité dans les sons fixés afin d'en y extraire de nouvelles définitions musicales. Il doit ''faire table rase'' de son premier apprentissage afin de reconsidérer le son en tant qu'objet musicale et redéfinit ce qu'est une hauteur ou un timbre une échelle... J'ai le même sentiment que pour d'autre médium. C'est en fait apprendre un nouveau langage. On est étranger et on le redevient...
c

1 commentaire:

  1. L.Roussolo expliquait dans“ l'art des bruits“ que dans les chants grégoriens, le son est considéré dans une suite temporelle: l'accord est subordonné à l'évolution horizontale.
    Dans la polyphonie corse, les chanteurs improvisent et chaque voix se fait son propre parcours individuel. La mélodie de base est contourné par des ornements. Elle disparaît sous la complexité de l'interprétation. Plus la polyphonie est complexe, plus il y a de verticalité. C'est comme dans le jazz où les accords se superposent, se décalent et forment des clusters dissonnants. La dissonnance selon L.R. est un son bruyant et par son l'irrégularité proche du bruit.

    s

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