Le Paysage Sonore

Pierre SCHAEFFER

Turning of the world




… jusqu’à la révolution industrielle et électrique. Terrible et fascinante rupture, qui transforme radicalement notre rapport au son, à la musique – et au silence. Mais qui nous rend aussi désormais capables de mettre en œuvre un authentique design sonore, maîtrisé et conscient – basé sur les principes de l’écologie sonore.






Extrait sonore: 

Pierre SCHAEFFER, Cinq études de bruits : Étude aux chemins de fer

Source:
http://fresques.ina.fr/artsonores/fiche-media/InaGrm00003/pierre-schaeffer-cinq-etudes-de-bruits-etude-aux-chemins-de-fer.html

Extrait sonore- Emission L'Ateleir de Création Radiophonique


28 000 m3 de silence 

Source:
http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-de-creation-radiophonique-28-000-m3-de-silence-2015-02-05

Janvier 2015.
Entre le  boulevard périphérique et le Zénith, la Philharmonie de Paris vient d’ouvrir ses portes aux musiciens et au public.

Depuis cinq ans, le bruit de ses travaux s’était superposé à celui de la ville.
Puis son chantier à ciel ouvert s’est refermé jusqu’à se métamorphoser le jour du premier concert en une « boîte à silence » à l’acoustique exceptionnelle.

Pour transformer 28 000 mètres cubes de dehors en un dedans silencieux prêt à accueillir la musique il aura fallu le travail et les gestes de plus d’un millier de personnes.  Le silence est un artefact et il s’agit d’en écouter la fabrication.

Depuis plusieurs années, nous avons enregistré ce chantier, ses engins, ses voix, ses musiques et ses outils. Son chant n’existe peut-être plus que dans nos fichiers numériques.
… À moins que, fossile enfoui dans le béton, il n’attende ceux qui sauront l’entendre, tapi dans les silences des musiques désormais jouées à la Philharmonie.

Tournages 2012-015

Extrait du troisième volet

Max Neuhaus – Walks and Listen

 par Désarsonnants

Source: https://desartsonnants.wordpress.com/2015/02/18/max-neuhaus-walks-and-listen/



Listen
La signification de ce titre « Listen » est pour moi à double entrée. Au sens premier du terme, celui clairement exprimé, il s’agit d’une injonction à prêter l’attention aux sons, à mettre en œuvre une perception auriculaire, et sa forme écrite – ÉCOUTEZ – ou l’ECOUTE en majuscules, l’indique sans détour. C’était aussi, dans son ton impératif, son ordre donné – une sorte de code utilisé comme une plaisanterie, entre moi et ma petite amie du moment, une jeune femme franco-bulgare, qui me le hurlait avant avant que de commencer à me jeter des choses à la figure, lorsqu’elle était très en colère…
C’était surtout une injonction fortement liée à mes premiers travaux en tant qu’artiste indépendant, en 1966. Comme je l’ai déjà dit, Russolo et Cage m’avaient manifestement inspiré par les sons non musicaux qu’ils introduisaient dans des salles de concert. Le fait de transformer les sons du quotidien en sons musicaux m’intéressais beaucoup, au point de vouloir sortir de la salle pour des écoutes extérieures, in situ, avec un public embarqué dans la ville.
La première performance – expérience de ce genre, fut organisée pour un petit groupe d’amis invités pour l’occasion. Je leur avais demandé de me retrouver au coin de l’avenue D et West 14th Street à Manhattan. J’ai alors encrer, à l’aide d’un tampon en caoutchouc le mot « écouter » sur la main de chaque participant, et ai commencé à marcher avec eux jusqu’à 14th Street vers l’East River. À ce endroit, la rue fait une fourche devant une centrale électrique et, comme je l’avais repéré précédemment, on y entend un sourd grondement, très présent et assez spectaculaire à l’écoute. Nous avons ensuite continué notre chemin, traversé la route pour longer une station de lavage automobile dont nous avons écouté les sonorités de l’eau giclant sur des pneus, puis suivi la rivière pendant quelques blocs d’immeubles, franchis un pont piétonnier, emprunté la très vivante rue portoricaine du Lower East Side et enfin, nous sommes arrivés à mon studio, où j’ai exécuté quelques pièces de percussions pour les promeneurs auditeurs.
Au bout d’un certain temps, jai commencé à construire ces œuvres comme des work in progress, le rituel du tampon de caoutchouc introduisant une sorte de conférence promenade, qui constituaila trame d’une représentation sonore. Jvoulais que le public, lors de ces concerts/conférences, écoute les sons de l’extérieur, simplement en tamponnant leurs mains et en les conduisant à prendre conscience à l’oreille de leurpropre environnement quotidien. Sans rien leur dire, leur expliquer préalablement, jesouhaitais que nous nous concentrions sur l’écoute, en commençant par marcher de concert. Au départles participants étaient naturellement un peu embarrassés, mais la dynamique, l’ambiance et le recueillement d’une écoute collective étaient généralementassez vite contagieuses. Le groupe faisait alors de lui-même le silence, et au moment où nous rentrions dans mon studiobeaucoup avaient je pense découvert une nouvelleposture d’écoute, très personnelle, très intime.
Bien sûr, il y eu quelques incidents. Je me souviens de l’un d’eux en particulier, dans une université, quelque part dans l’Iowa. L’institution attendait en fait de moi que je donne aux étudiants une conférence dans les règles de l’art. Ils furent assez interloqués quand j’ai dit à ces derniers de quitter la salle, mais heureusement ne trouvèrent pas rapidement d’arguments suffisants pour contrarier les plans du conférencier, invité d’honneur de la journée. Les étudiants étaient quand à eux très heureux de pouvoir s’échapper de leurs lieux de cours habituels, pour aller marcher dehors. Avec plusieurs centaines de participants, avons formé un long cortège silencieux dans les rues de la petite ville où nous nous trouvions. Il devait y avoir de bons esprits, de bonnes ondes ce jour-là. La faculté était tellement en colère contre moi, qu’ils en ont boycotté le bon déjeuner que ces professeurs avaient préparé à mon intention après la conférence.
Un certain nombre d’années plus tard, lorsque le projet de paysage sonore de Murray Schafer a été assez connu, je suis sûr que ces universitaires n’auraient plus eu aucun problème à accepter des propositions similaires. Mais la réalité de terrain – n’étant pas confinée en toute quiétude entre les deux couvertures d’un livre, était tout autre chose à l’époque.
Je pense que la définition la plus pertinente pour qualifier de cette série d’œuvres/actions est l’utilisation du mot LISTEN, pour concentrer à la fois phonétiquement et visuellement vers des promeneurs écoutants une telle expérience.
J’ai alors commencé à imaginer d’autres façons de développer ces actions, l’expérience d l’Iowa m’ayant donné des pistes de réflexion, en tant que qu’intervenant enseignant à l’université.
L’une des plus imortante déclinaison de mon travail (touchant 1 million de personnes environ) fut certainement un éditorial, que j’ai écrit pour le New York Times en 1974, dénonçant les bureaucrates stupides du ministère des « ressources de l’air », pour le fait qu’ils provoquent eux-même des situations beaucoup trop bruyantes.




L’ART SONORE. LE SON COMME MÉDIA ARTISTIQUE

du 17 mars 2012
au 13 janvier 2013




http://www.sonore-visuel.fr/evenement/lart-sonore-le-son-comme-media-artistique

Le paysage sonore

http://www.volubilis.org/PAYSAGES-SONORES-de-la-perception.html


Dans le chapitre sur la bande sonore je t'avais parlé du travaille de Scanner  par rapport à la ville et http://www.traverses92.ac-versailles.fr/traverses06/synthese_pdf/Coll.I_Frize.pdf

Médiathèque des abattoirs jusqu'au 28 novembre

white noise




Je suis tombée sur ces dessins d'Anthony McCall. 
Avec « White Noise Pieces », il imagine une installation sonore qu'il n'a jamais réalisé: un déplacement des masses de bruit blanc à travers l'espace de la galerie. Le dispositif est représenté par deux paires de haut parleurs. J'aime bien cette partition qui montre ses réflexions sculpturales sur le volumes sonore, la densité, le passage d'un état à un autre... 
Le travail de McCall tourne surtout autour de la lumière, des projections qu'il traîte comme un élément sculptural dans l'espace, une expérimentation sur différents volumes et textures qui se transforment dans le temps. Le public a toujours une place importante, il se déplace autour des volumes de lumière ou même pénètre dans la projection... 
Comme la lumière, il traîte le son comme une matière sculpturale.
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Steve Reich Pendulum Music











C'est en partant pour le château de la verrerie, pour l'expo que je suis tombée sur un article d'une installation sonore de Steve Reich, au château de fraisse-des-corbières.
Trois installations de "Pendulum Music" y sont exposées dont l'une se déroule dans un grand escalier en colimaçon...L'approche dans cette espace est totalement différent de ce que nous avions pu faire il y a deux mois mais j'aime son rapport au son et a l'espace qui est pour le coup plus minimaliste que notre approche.
Plusieurs micros pendent par un fil depuis le plafond et sont tous à une même auteur au sol. Tous les micros sont branchés à des amplificateurs et reliés à un même haut parleur. Ainsi le mouvement de balancier à la verticale du micro crée un feed back à chaque fois différent lorsqu'il passe devant le haut parleur.
Pour ce qui est de l'installation dans l'escalier en colimaçon, il doit falloir se rendre sur place.
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Max Neuhaus



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Vers un processus

La relation entre l'enregistrement, la composition et la représentation est d'abord un procédé linéraire. Nous nous sommes interessées au processus-même: la prise de son par le micro, l'enregistrement sur l'ordinateur et la diffusion dans l'espace par des enceintes. Une première approche était de briser la linéarité du processus dans le temps.
Pendant que l'une produit des bruits (déplacement du corps, manipulation d'objets), l'autre enregistre et recompose ces bruits en temps réel et les renvoie sur les 4 canaux. C'est un jeu entre action et réaction. Des extraits enregistrés continuent de tourner en boucle, de nouvelles informations s'ajoutent, se superposent, disparaissent.
C'est un jeu de décalage et de simultanité: Les sons produits en temps réel se mélangent avec les sons diffusés, décalé dans le temps. Tout se passe à l'instant, la prise de son, l'enregistrement, la composition, la diffusion. Dans ce jeu d'interaction, il y a un espace qui s'ouvre. Quel statut est accordé à l'auditeur dans cet espace intermédiaire?
Dans l'intention d'ouvrir le processus afin d'intégrer l'auditeur, nous nous sommes interessées au procédé du „closed circuit“, une technique qui permet de manipuler en direct le son produit au présent. Dans partition, des micros posés au sol sont directement liés aux l'enceintes. L'auditeur qui marche est confronté directement à l'image sonore qu'il produit lui-même. Il prend une place importante dans cette recherche. Lorsqu'il entre dans l'espace, il active automatiquement l'installation. Il passe d'un statut d'auditeur à celui d'interprète. Il fait l'expérience de la synchronité de son action et du son diffusé. 

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Cardiff& Miller et le rapport au spectateur

Cardiff& Miller accordent une place particulière au spectateur. 
J‘ai repensé à une pièce sonore que j‘ai vu lors d‘une exposition de Janet Cardiff&Miller à Darmstadt: The Forty Part Motet. Dans cette pièce, la composition de Tallis pour 40 choristes était conçue comme construction sculpturale minimaliste: Chaque voix correspondait à un hautparleur et pendant que la pièce jouait en boucle continue, on était libre de se déplacer, se rapprocher pour avoir une écoute sensible au moindre détail ou s‘éloigner pour avoir une écoute d‘ensemble. En me penchant, j‘avais même l‘impression d‘entrer en contact intime avec les voix et de pouvoir adopter leur point de vue. La perception de la pièce variait donc constamment selon mon déplacement. Ce qui m‘a vraiment parlé, c‘est le dispositif très simple, mais qui permettait des possibilités d‘écoute très complexes.
En général les installations de Cardiff&Miller ne sont pas des pièces conçues pour un lieu précis, mais elles sont „indépendantes“. Souvent elles sont installées dans des „black-boxes“ pour effacer le contexte du lieu (comme au cinéma, théâtre).
Finalement, ce sont surtout les installations sonores qu‘ils exposent dans des lieux très différents autant dans des galeries, des musées que dans une fabrique ou une église.
L‘installation The Forty Part Motet à Darmstadt était présentée dans une grande salle d‘exposition et je trouvais que la neutralité du lieu était importante afin de permettre écoute plus attentive. La même pièce était aussi exposée à Toulouse aux Jacobins pendant le Printemps de Septembre. Mais ce lieu est tellement fort et impressionnant qu‘il risque de dominer l‘oeuvre sonore. C‘est difficile de travailler dans des lieux qui ont une présence tellement forte et qui portent dèjà une charge symbolique. Cette question m’interroge parce-qu‘on s‘est posé les mêmes questions lors de l‘installation à la cathédrale.
Comme pour toute installation, le contexte du lieu change complètement la perception et l‘interprétation de celle-ci. Mais quand il s‘agit du son, tout ce qui est donné à voir est encore plus important - le son accompagne l‘image et interprète le lieu. L‘espace physique a un rôle actif, mais doit toujours rester au service de ce qui est montré. Le lieu doit rester un „support“ pour l‘écoute.



Dans le travail de Cardiff&Miller, c‘est déjà le dispositif qui suggère un rapport à l‘intime et qui accorde une place particulière à l‘auditeur. Dans The Murder of the Crows, l‘auditeur se déplace librement à l‘intérieur de l‘environnement sonore et peut s‘asseoir sur des chaises placées au milieu. Il se trouve au même niveau que des enceintes qui sont posées autour, également sur des chaises. Le rapport physique que le spectateur peut avoir est très important dans leur travail.











Dans la pièce Cabinet Of Curiousness, c'est le spectateur qui déclenche le son par un geste.
Le dispositif est un meuble à tiroirs qu‘il faut activer pour produire un son. Cependant, l'interaction avec cet objet reste restreinte puisqu'un tiroir correspond a un son. Il n'y a qu'un seul spectateur qui puisse activer cet objet.




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